Le procès de l’amiral Robert devant la Haute Cour de Justice

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André-Marc Belvon

L’amiral Robert fut poussé au ralliement à la France combattante. En vain. • ARCHIVES TERRITORIALES DE MARTINIQUE

Après avoir tenu la Martinique sous un régime policier, mené une répression impitoyable, engendré la pénurie, la restriction et le rationnement, l’amiral Robert, suite aux soulèvements populaire et militaire, était contraint de quitter la Martinique le 15 juillet 1943. Après la libération de la France, l’ex-Haut-commissaire aux Antilles et en Guyane, qui ne cessa d’exprimer sa fidélité au Maréchal Pétain, était arrêté, placé en détention pendant six mois puis mis en liberté provisoire pour raison de santé. Le 11 mars 1947 s’ouvrait son procès devant la Haute Cour de Justice de Versailles, pour « acte de nature à nuire à la défense nationale ». Procès singulier. Arrêt incohérent. Tout à la fois, la Haute Cour allait le condamner et le féliciter. Le condamner à « 10 ans de travaux forcés et à la dégradation nationale à vie », et le féliciter pour « services rendus ». Elle demanda une mesure de grâce. Le condamné repartit libre.

«Le mot trahison sonne faux à mes oreilles :
l’amiral n’a jamais été un traître », tonne Maître René Gain, le
défenseur de l’amiral Robert devant la Haute Cour de Justice de
Versailles composée de 23 jurés qui ont été tirés au sort, de son
président Louis Noguères et de ses assesseurs. 

Nous sommes aux premières heures du 14 mars 1947,
vers 1h45, au terme de trois jours de débats, à une dernière
audience qui aura duré 19 heures d’affilée.

Le procureur général est Paul Frette-Damicourt,
c’est lui qui a requis plus tôt contre l’amiral Robert. L’avocat
général est Pierre Fontaine. L’accusé, l’amiral Robert, est défendu
par Me René Gain. Ce dernier continue sa plaidoirie : « Aucun
témoignage ne prouve que l’éminent Haut-commissaire a eu des
intelligences avec l’ennemi. Il n’avait pas à savoir si un
gouvernement était régulier ou irrégulier; il ne se bornait qu’à
défendre les intérêts de la France (…). Messieurs, n’oubliez pas
la mission délicate du Haut-commissaire ; il avait une souveraineté
à protéger, 300 tonnes d’or de la Banque de France à garder, une
flotte et une base aérienne à défendre. Ce qu’il faut retenir,
c’est son opiniâtreté, sa résistance à des intrigues capables de
compromettre le prestige de la France (…) Il a conservé le dépôt
dont il avait la garde, puis son indépendance. Il n’a pas joué non
plus un double jeu. Par son entêtement, il a conservé la fortune
qui a permis à la France de se remettre à flot après la guerre, il
a conservé la flotte qui a continué la lutte à côté des Alliés
(…) ».

Aux premières tensions

Le 30 avril 1939, le ministre des Colonies,
Georges Mandel, avait rappelé de sa retraite l’amiral Georges
Robert. Une retraite prise après une brillante carrière qui l’avait
conduit aux plus hautes fonctions dans la Marine. À cette date, la
menace hitlérienne…

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